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Honorable Président et Commissaires de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,

Honorables Délégués des États,

Distingués collègues,

Mesdames et Messieurs,

L’Institut des droits de l’homme et du développement en Afrique tient à féliciter la Commission d’avoir pu, une fois de plus, organiser sa session ordinaire virtuellement malgré la pandémie de COVID-19.

Nous souhaitons attirer l’attention de la Commission sur le sort de nombreux enfants qui sont engagés dans le travail forcé en République du Ghana.

Des milliers de garçons sont obligés de travailler sur le lac Volta comme esclaves des pêcheurs du lac. Beaucoup d’entre eux sont vendus par leurs parents pour aussi peu que 250 dollars. La Mission internationale de justice évalue le nombre d’enfants qui travaillent dans l’industrie de la pêche au Ghana à 50 000, dont la plupart travaillent sur le lac Volta. Ces enfants exécutent des tâches telles que pagayer des pirogues, enlever les filets accrochés aux branches d’arbres dans le lac, enlever l’eau des pirogues qui fuient, entre autres. Ce travail expose beaucoup de garçons à des blessures graves et à la mort.

IHRDA a récemment eu des entretiens avec certains de ces garçons qui ont été sauvés, dont certains étaient vendus par leurs parents et avaient commencé à travailler dans l’industrie de la pêche dès l’âge de quatre (4) ans. Ces enfants qui travaillent sur le lac ne vont pas à l’école et sont plutôt obligés de travailler jusqu’à douze (12) heures par jour. Beaucoup d’enfants nous ont raconté comment ils ont vu d’autres enfants mourir dans les conditions périlleuses du travail. Ils nous ont raconté comment les enfants qui meurent sont simplement enterrés au bord du lac, tandis que d’autres enfants sont achetés pour leur remplacer.

Nos enquêtes au Ghana ont également révélé que de nombreux auteurs de cet esclavage ne sont pas poursuivis et qu’il n’y a pas d’enquêtes efficaces pour permettre à traduire les auteurs en justice. Dans au moins un cas où les auteurs ont été poursuivis en justice, le bureau du procureur général du Ghana a émis un nolle prosequi pour mettre fin aux poursuites contre les accusés, qui ont été laissés en liberté et continuent à entraîner d’autres enfants en esclavage. Le Gouvernement de la République du Ghana n’a tout simplement pas fait assez pour mettre fin à cette pratique néfaste.

Ce phénomène est en violation des articles 5, 17, 18 (3), 1 et 7 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que de plusieurs dispositions de la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. À cette fin, nous exhortons la Commission à engager le gouvernement de la République du Ghana à mettre fin à ces pratiques néfastes. Nous invitons également la Commission à se concerter avec le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (le Comité) dans son engagement avec le gouvernement du Ghana sur la question, conformément à la résolution de 2009 de la Commission sur l’engagement avec le Comité pour aborder des problèmes liés aux enfants.

Nous demandons également au gouvernement du Ghana de se conformer à ses obligations internationales en matière de droits de l’homme et :

  1. De mettre fin à la pratique du travail des enfants, notamment dans les secteurs de la pêche et des mines ;
  2. De mener des enquêtes efficaces sur tous les cas de trafic, d’exploitation et de travail des enfants et traduire tous les auteurs en justice ;
  3. D’assurer la réhabilitation et l’accès à l’éducation pour tous les enfants qui ont été victimes de trafic et soumis au travail des enfants.

Je vous remercie de votre attention.