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Honorable Président et Commissaires de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples,

Honorables Délégués des États,

Mesdames et Messieurs,

IHRDA souhaite attirer l’attention de la Commission aux violations massives de droits de l’homme en Éthiopie.

Depuis le début du conflit au Tigré en novembre 2020, l’attention du monde a été attirée par la situation désastreuse des droits de l’homme et de l’aide humanitaire dans le nord de l’Éthiopie, notamment des informations faisant état d’atrocités commises par toutes les parties au conflit, constituant des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre contre les civils tigréens. Cependant, il est important de situer les violations commises au nord de l’Éthiopie dans le contexte national de violences et d’abus perpétrés dans tout le pays, et en particulier ceux infligés au peuple Oromo et aux autres peuples du sud. Une telle vision de la situation est essentielle pour parvenir à une paix durable dans toute l’Éthiopie et à la stabilité régionale dans toute la Corne de l’Afrique.

Des rapports de longue date font état d’attaques perpétrées par des agents de l’État contre des civils oromos dans toute la région d’Oromia. Ces attaques comprennent des actes de violence physique, des exécutions extrajudiciaires et la destruction des biens, entraînant des déplacements forcés. Par exemple :

  • En mai 2021, les forces de sécurité éthiopiennes ont exécuté de manière extrajudiciaire un garçon de 17 ans nommé Amanuel Wondimu Kebede, dans la zone de Kellem Wellega, dans l’ouest d’Oromia. Avant d’être exécuté, il a été contraint d’avouer qu’il avait des liens avec l’OLA.
  • En décembre 2021, les forces de sécurité éthiopiennes ont enlevé 40 Karayu Oromo lors de leur cérémonie traditionnelle du Gadaa et ont tué 14 cet après-midi-là, dont les Abba Gada et Abba Boku, chefs religieux des Karayu. Deux personnes enlevées ont réussi à s’échapper, et les 23 autres ont été détenues pendant environ un mois, au cours duquel une autre personne enlevée est décédée.
  • Des centaines d’Oromo ont été exécutés de manière extrajudiciaire par les forces de sécurité éthiopiennes entre décembre 2021 et février 2022 dans la zone spéciale de Wollo Oromia après avoir été accusés de « soutenir le TPLF et l’OLA ».

Pour justifier ces attaques, les autorités de l’État affirment généralement que les victimes avaient de lien avec l’Armée de Libération de l’Oromo (OLA).

Les civils oromos ont également été victimes d’attaques des acteurs armés non étatiques, en particulier des membres des milices amharas, y compris celles associées au groupe connu sous le nom de Fano. La plupart des victimes de ces attaques n’ont pas obtenu justice, car aucune enquête efficace n’a été menée et les auteurs n’ont pas été punis.

Nous exhortons la Commission à faire un suivi auprès du gouvernement de la République fédérale démocratique de l’Éthiopie, en vue :

  1. De mettre un terme à toutes les attaques des agents du gouvernement contre les membres de la communauté Oromo et leurs biens.
  2. D’enquêter sur toutes les attaques perpétrées par des acteurs étatiques et non étatiques contre les civils Oromo et de traduire les auteurs en justice.

Nous souhaitons également joindre notre voix à celle de nos collègues du Zimbabwe et de toute l’Afrique pour appeler le gouvernement de la République du Zimbabwe d’abandonner l’examen en cours du projet de loi d’amendement sur les organisations bénévoles privées. Le projet de loi, tel qu’il est actuellement, a pour effet de réglementer de manière excessive les opérations des OSC, ainsi que de limiter l’accès au financement des OSC, entre autres restrictions indues.

Nous exhortons la Commission à entamer des démarches vis-à-vis le gouvernement du Zimbabwe visant à faire abandonner ce projet de loi, et à favoriser dorénavant une consultation élargie des acteurs de la société civile lors de l’élaboration des lois visant à réglementer les affaires des OSC.

Je vous remercie de votre attention.