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Déclartation d’IHRDA sur le trafic d’enfants au Cameroun et dans beaucoup de pays africains à l’occasion de la 31ème Session ordinaire du CAEDBE

Le 24 avril 2018

Madame la Présidente du Comité,

Mesdames et Messieurs les Membres du Comité,

Distingués Participants ;

L’Institut pour les Droits de l’Homme et Développement en Afrique souhaite porter à l’attention du Comité notre préoccupation par rapport au trafic d’enfants particulièrement au Cameroun et dans de nombreux pays africains. L’enlèvement et le trafic d’enfants ont considérablement augmenté au Cameroun et au sein des pays de l’Afrique centrale ces dernières années. Nombreux de ces crimes sont perpétrés par des couples sans enfants et « hommes d’affaires » qui utilisent ces enfants dans le commerce du sexe et le trafic d’organes humains. Ils transportent ces enfants très loin de leur localité et les acculent à voler, mendier et transporter de la  drogue.

En date du 3 mars 2018, trois corps d’enfants âgés de deux, quatre et sept ans ont été trouvés à bord d’un véhicule dans la ville de Kiossi frontalière avec le Gabon et la Guinée Equatoriale. Après l’envahissement de l’auberge appartenant à l’un des trafiquants par la population en ébullition de nervosité, un  groupe d’enfant a été secouru par les forces de l’ordre du Cameroun. Selon un cadre administratif dans le Département de la Vallée du Ntem, les trafiquants avaient enlevé ces enfants avant de les conduire à une auberge  située dans un quartier situé au fin fond de la ville de Kiossi. Ils leur ont administré des produits toxiques qui ont occasionné leur décès.  Ils ont ensuite mis ces corps sans vie dans de sacs emballés avant de les placer dans le capot derrière de leur voiture. Le même cadre a révélé qu’il a été arrêté quinze suspects accusés de faire partie d’une bande de trafiquants d’enfants au Cameroun, au Gabon, en Guinée Equatoriale et en République du Congo.

Ce trafic d’enfants refait surface après presque deux ans que le Bureau d’Interpol basé à Yaoundé pour toute l’Afrique Centrale avait rendu public en 2016 un rapport selon lequel des milliers d’enfants, femmes et hommes avaient été enrôlés de force au Cameroun, au Tchad, au Gabon, en République Centre Africaine, en République du Congo et en Guinée Equatoriale pour aller servir comme combattants de Boko Haram au Nord du Cameroun, comme cuisiniers, gardiens, partenaires sexuels, valets, messagers et espions. L’augmentation de cas en trafic d’enfants au Cameroun à pour cause majeure l’absence de mesures concrètes pour bannir la répétition de cette pratique.

Le gouvernement américain,[1] par le truchement de l’Ambassade des Etats-Unis au Cameroun, a en 2016 dressé un rapport sur le trafic de personnes et a révélé que l’Unité ainsi que le Comité Interministériel  de Lutte contre le Trafic de Personnes manquent de fonds et autres ressources nécessaires à l’accomplissement de leur mission. Comme résultats, seulement deux enquêtes  régionales sur les crimes de trafic ont été menées en 2016.

En outre, le gouvernement du Cameroun a pratiquement échoué de juger les présumés auteurs de trafic. Il a en effet échoué de respecter les conditions qu’il a mises en place pour le jugement des trafiquants, a rendu des jugements assortis de sursis à l’encontre des trafiquants et a permis le  règlement à l’amiable entres les parties en dehors de toute procédure judiciaire.

De surcroît, le Cameroun n’a pas donné de formation voulue à ses forces de l’ordre et n’a pas mis en place un mécanisme ou service d’assistance dans le rapatriement des victimes du trafic identifiées à l’étranger.

Nous demandons alors au Comité de recommander au Cameroun :

  1. De multiplier ses efforts pour enquêter, arrêter et juger les auteurs du trafic d’enfants y compris les fonctionnaires complices ;
  2. D’assister les victimes dans leur rapatriement et mettre en place des lois édictant des mesures de protection des victimes ;
  3. D’augmenter la collaboration avec les pays voisins et les ONG dans le démantèlement des réseaux des trafiquants, dans l’identification et la protection des victimes ainsi que dans la sensibilisation nationale et au niveau de l’Afrique Centrale ;
  4. D’accorder des fonds et de donner une formation voulue aux membres du Comité Interministériel et de l’Unité Régionale de lutte contre le trafic.
  5. De multiplier les formations à l’endroit des agents de l’ordre, du personnel judiciaire, des assistants sociaux sur les dispositions du Code Pénal pertinentes à la lutte contre le trafic, de former les agents du gouvernement et sensibiliser les ONG sur les procédures standards auxquelles se conformer dans l’orientation des victimes vers les services pouvant leur venir en aide.

[1] https://www.state.gov/j/tip/rls/tiprpt/countries/2016/258739.htm