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Déclaration de ADHUC, IHRDA sur la violation du droit à la sécurité – Explosion du dépôt de munitions de Mpila à Brazzaville, République du Congo

By avril 23, 2012février 6th, 2013No Comments

   l’Association pour les droits de l’Homme et l’univers carcéral

51eme Session Ordinaire de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, 12 Avril -02 Mai 2012

Déclaration de l’Association pour les droits de l’Homme et l’univers carcéral (ADHUC) & l’Institute for Human Rights and Development in Africa (IHRDA), sur la violation du droit à la sécurité – Explosion du dépôt de munitions de Mpila à Brazzaville, République du Congo

L’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC) et L’Institute for Human Rights and Development in Africa (IHRDA), sont profondément bouleversés par le drame humain causé par l’explosion du dépôt des munitions de Mpila à Brazzaville, en République du Congo, le 04 mars 2012. En effet, cette tragédie n’est pas la première du genre en République du Congo,[1] moins encore sur le continent africain.[2]

Pour mieux appréhender le contexte du tragique incident du 04 mars 2012, il est important de remonter à la période coloniale où pour des raisons stratégiques, la métropole avait installé des casernes à proximité des centres urbains. Après l’indépendance de la République du Congo en 1960 et avec la démographie sans cesse galopante, les casernes se sont retrouvées au plein cœur de grandes villes du pays, représentant un danger permanent pour les populations.[3] Bien que le gouvernement congolais ait pris la décision il y a quelques années de transférer les dépôts de munitions hors des centres urbains, cette décision n’a pas été traduite dans les faits.[4] Cela, malgré le fait qu’en 1994 à Pointe Noire et en  1997 à Brazzaville au camp de l’intendance, les explosions des dépôts de munitions ont causé des dégâts humains et matériels importants.

Le bilan de l’explosion du dépôt de munitions de Mpila et dont les détonations ont secoué Brazzaville, la capitale congolaise sur plusieurs kilomètres à la ronde, a été très lourd : environ 900 morts, plus de 1000 blessés et un nombre important des personnes sans abris. Cette explosion qui s’est produit dans la matinée du 04 mars 2012 aux environs de 8 heures et dont les détonations ont continué à se produire même plusieurs jours après l’incident, a plongé la population dans un état de psychose et de choc émotionnelle sans précédent.

Cette situation constitue une violation flagrante de l’article 23 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui consacre le droit des peuples à la sécurité. Bien que conscient du danger que représentait la présence du dépôt de munitions de Mpila au milieu des agglomérations, le gouvernement n’a rien fait pour prévenir la survenance du drame. Comme l’a si bien affirmé la Commission africaine elle-même, les normes relatives aux droits de l’homme ne contiennent pas seulement les limites au pouvoir d’Etat mais elles imposent aussi aux Etats une obligation positive de prévenir les violations des droits de l’homme.[5]

De tout ce qui précède,  l’ADHUC et l’IHRDA prient la Commission africaine:

  • D’exhorter le gouvernement de la République du Congo à prendre les mesures visant à accorder des réparations appropriées et l’attention nécessaire à toutes les victimes de l’explosion du 04 mars 2012 ou à leurs familles ;
  • D’exhorter le gouvernement du Congo à prendre les mesures nécessaires pour éviter les dommages collatéraux de l’explosition du 04 mars et à transférer les dépôts des munitions se trouvant encore dans les centres urbains hors de ceux-ci;
  • D’exhorter le gouvernement du Congo d’accélérer le processus de ratification de la Convention de Kampala sur les Personnes Déplacées Internes en Afrique ;
  • Et enfin, à prendre en compte lors de l’examen des rapports périodiques ou des missions de terrain, la question et les risques des dépôts de munitions se trouvant dans les centres urbains.

[1] Des incidents similaires se sont produits à Pointe Noire en 1994, en 1997 au Camp de l’intendance à Brazzaville et en 2001, au domicile d’un officier de l’armée à Talangai.

[2] Par exemple, en janvier 2002, l’explosition au dépôt de munitions de Ikeja à Lagos à causé la mort de plus 1,100 personnes  et fait 5,000 blessés ainsi que  20,000 personnes sans abris ; de même, en mars 2007 l’explosition du dépôt de munitions de Malhazine au Mozambique a causé la mort de plus de 100 personnes et fait plus de 500 personnes sans abris.

[3] Lire Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC), Rapport sur la situation d’explosition du dépôt d’armes de Mpila du 04 mars 2012’ Avril 2012.

[4] Observatoire congolais des droits de l’homme, Note de position : Explosition du dépôt de munitions de Mpila : Conséquence de la négligence des plus hautes autorités du pays’, mars 2012

[5] 272/03 : Association of Victims of Post Electoral Violence & INTERIGHTS / Cameroon, para 89, disponible sur < http://caselaw.ihrda.org/fr/doc/272.03/view/ >; Communication 245/2002, Zimbabwe Human Rights NGO Forum c. Zimbabwe para.143, disponible sur http://caselaw.ihrda.org/fr/doc/245.02/view/ .